Régionaliser l’immigration : le PQ presse le gouvernement d’agir

Pixabay

La députée de Gaspé et porte-parole du Parti Québécois en matière d’immigration, d’économie et de relance, Méganne Perry Mélançon, somme le gouvernement d’entreprendre des actions concrètes relativement à la régionalisation de l’immigration.

Méganne Perry Mélançon souhaite qu’on donne la priorité aux nouveaux arrivants qui s’engagent à s’installer en région, tout en s’assurant qu’il y a des incitatifs à y demeurer. La députée reproche à la CAQ « son insensibilité face à la détresse des entrepreneurs issus des différentes régions du Québec. »

Mme Perry Mélançon estime que la régionalisation de l’immigration devrait être une priorité, même si elle reconnaît que l’immigration n’est pas seule à pouvoir endiguer le phénomène de la pénurie de main-d’œuvre. « Le premier ministre dénonce sur toutes les tribunes l’écart de richesse entre le Québec et l’Ontario. Il devrait commencer par créer des conditions favorables pour que nos entreprises prennent pleinement part à la reprise », ajoute la députée de Gaspé.

« Payez et ils viendront », disent certains, qu’ils soient immigrants ou pas! La députée convient que les salaires ne sont pas toujours au rendez-vous. Mais, « des entreprises ont de la difficulté à pourvoir des postes affichant des salaires de 50 000 $, voire de 70 000 $ ». Sinon, « pourquoi des entreprises paieraient-elles des centaines de milliers de dollars par année pour aller chercher de la main-d’œuvre à l’extérieur ? Nos entrepreneurs ont besoin de flexibilité dans les programmes d’immigration du Québec. Emploi-Québec détient une liste de professions qui ont un droit à un traitement accéléré dans le programme de travailleurs étrangers temporaires. Si on était en mesure d’adapter les besoins de chaque région à cette liste (tourisme, restauration, manufacturier) on pourrait avoir de la main-d’œuvre plus rapidement », assure Mme Perry Mélançon. Par ailleurs, « on a beaucoup d’étudiants étrangers. Il faut retenir ces futurs ingénieurs, enseignants, scientifiques dans nos régions. Ce sont des candidats extraordinaires pour le développement économique régional », estime la députée péquiste.

©StockSnap, Pixabay

Temps de penser aux sans-emplois locaux?
Il est clair que l’enjeu de la pénurie de main-d’œuvre n’est pas lié au seul fait du nombre d’immigrants recrutés et reçus au Québec. « Il y a d’autres enjeux à régler sur le territoire québécois. Il faut miser sur le bassin de gens qu’on a ici et qui ne sont pas au travail », reconnaît la députée originaire de la Gaspésie. L’accès à la haute vitesse et la mobilité interrégionale pourraient aussi changer la donne. « Imaginez le potentiel. Et rappelez vous de l’engagement de la CAQ de décentraliser des postes de fonctionnaires. Sur les 5 000 emplois qui devaient être décentralisés, seuls 476 l’ont été. Dans le Bas-Saint-Laurent, on ne parle que de 53 postes » fait remarquer Mme Perry Mélançon.

Travailler sur la société d’accueil
Caroline Houle est directrice de l’organisme Accueil et intégration Bas-Saint-Laurent. « C’est complexe, l’immigration », explique Caroline Houle, qui en discute au quotidien avec une foule d’intervenants, dont ceux qui siègent depuis plusieurs années déjà à la Table de concertation sur l’immigration. Elle a une vue d’ensemble des enjeux. Mme Houle précise que « le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) est en train de mettre en place des programmes qui visent à favoriser la régionalisation. À Rimouski, on est une région attractive. Il faut s’assurer, ici, que les gens soient prêts à accepter ces gens. Et on est loin du compte là… Il faut favoriser le déploiement de programmes d’appui à la collectivité générale et pas seulement immigrante, pour favoriser une régionalisation ». La solution pour le Bas-Saint-Laurent? « Il y a du racisme systémique, des fermetures à certaines différences. Quand on me parle d’immigration économique, ce n’est jamais juste économique. Il faut s’asseoir, comprendre et s’ouvrir à l’autre. C’est ça qu’on essaie de créer comme mouvement à Rimouski et on a une belle réceptivité du milieu », note Caroline Houle.