
Le constat que dresse Alain Tardif sur la menace des espèces exotiques envahissantes, notamment la moule zébrée et le myriophylle à épis, dans plusieurs municipalités de la MRC du Témiscouata est que la région n’est pas prête pour faire face à cette catastrophe écologique.
Il affirme qu’il aurait été opportun d’interdire les déplacements et de contraindre les utilisateurs à demeurer sur leur plan d’eau pour cette année afin de s’assurer d’être munis de stations de lavage efficaces sur tout le territoire de la MRC de Témiscouata. La tenue d’activités telles que les tournois de pêche devrait être interdite pour la saison 2023 à l’exception de ceux ne nécessitant aucune embarcation de l’extérieur du plan d’eau
Les citoyens sont extrêmement préoccupés, car la menace est maintenant chez nous. La sensibilisation aurait dû débuter dès cet automne, afin de faire comprendre la problématique rattachée à la dispersion de la moule zébrée. Un programme de sensibilisation par des visites personnalisées est primordial cet été afin de conscientiser les riverains.
Il n’est pas trop tard pour agir selon M. Tardif, mais le temps presse. La période de reproduction de la moule zébrée débute lorsque l’eau du lac Témiscouata atteindra 10 degrés Celsius. Présentement, la température de l’eau est de 8 degrés Celsius. Nous risquons beaucoup si nous tardons à intervenir.
Devons-nous continuer à agir ainsi tout en étant conscients de la gravité de la situation? Je souhaite sincèrement un resserrement des mesures afin de freiner la propagation de la moule zébrée. C’est une question de conscience collective.

Alain Tardif dresse ce constat inquiétant suite à la présentation sur le territoire témiscouatain de 15 conférences sur les espèces exotiques envahissantes
La présence de la moule zébrée dans le lac Témiscouata inquiète beaucoup la population du Témiscouata, mais également les citoyens des municipalités limitrophes. La région possède plusieurs lacs d’un grand intérêt pour les activités nautiques et la qualité de ces milieux est exceptionnelle. Le risque de contamination par le déplacement d’embarcations nautiques du lac Témiscouata vers tous ces plans d’eau provoque énormément de crainte. Sans agir, sans prendre les mesures nécessaires qu’exige la situation, nous risquons de contaminer plusieurs plans d’eau présentement.
La solution envisagée par la MRC de Témiscouata d’établir un réseau de stations de lavage automatisées et de débarcadères officiels sur les plans d’eau de la région est en analyse présentement par une firme de consultants en environnement. Un rapport a été déposé et le devis de soumission est attendu sous peu. De plus, un projet de règlementations intermunicipales, régissant le lavage des embarcations, a été déposé et accepté par les municipalités de la MRC.
La région possède 7 stations de lavage dont la majorité doit être modifiée afin de répondre aux normes recommandées par les ministères concernés notamment au niveau de la pression à 2600 PSI et la température de l’eau à 60 degrés Celsius. Présentement, seulement la ville de Pohénégamook est conforme et prête à agir efficacement contre la menace de contamination à la moule zébrée.
Plusieurs municipalités ont déjà déposé des projets au Programme Stations de nettoyage d’embarcation du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs et certaines ont reçu leur financement. L’implantation de chaque station de lavage est complexe et requiert plusieurs étapes avant que l’équipement soit fonctionnel, incluant des plans d’ingénierie indiquant l’emplacement exact de la station, la dimension du lit de pierre, comment doit se faire l’infiltration des eaux de nettoyage sans risque à l’environnement, l’accès à l’eau et à l’électricité. La complexité des projets, la charge financière pour les petites municipalités et l’urgence de protéger leurs plans d’eau rendent donc la situation fort préoccupante pour plusieurs.
Détectée dans l’eau pour une première fois en septembre 2022, la moule zébrée, une espèce exotique envahissante qui se reproduit à un rythme tellement fulgurant qu’elle peut détruire les écosystèmes aquatiques, a atteint un niveau d’infestation qui provoque la consternation dans le milieu.
Notre entrevue avec Alain Tardif est ici.